En 1898, le célèbre bijoutier-joaillier de la rue de la Paix Henri Vever tient un journal. Promoteur de l'Art nouveau, il partage la ferveur pour ce « modem style » de son contemporain René Lalique. Amateur d'art de renom, il fréquente les marchands et les collectionneurs les plus en vue. Vever est surtout un japonisant passionné. 1898 marque aussi un tournant politique. Vever suit de près l'affaire Dreyfus et se montre résolument anglophobe et américanophobe quand éclatent la crise de Fachoda et la guerre hispano-américaine. Friand des nouvelles « merveilles » techniques de son temps, il apprécie les photographies en couleurs des frères Fumière et le phonographe. Ce bourgeois parisien aisé assiste à une répétition de Cyrano de Bergerac, déguste des glaces au Café Napolitain, monte à bicyclette au bois de Boulogne, consulte des voyantes... Cette chronique fascinante de la vie parisienne au seuil du XXe siècle constitue un témoignage précieux sur un moment charnière, pleinement vécu comme tel par un homme dynamique introduit dans les milieux parisiens les plus variés.